ADIEU BRESIL BONJOUR GUYANE
Samedi 27 juillet Cayenne
Derniers jours au Brésil. Le 6 juillet nous prenons une barge de Belem à Macapa. C'est une autre
façon de voyage , installés dans notre camping-car nous glissons sur le rio Amazonas durant
36 heures, suivant les berges et les habitations traditionnelles.
Arrivés à Macapa nous poursuivrons notre route jusqu'a Oiapoque qui sera notre dernière ville
au Brésil. Seulement il reste encore 600 km dont 150 km de piste ! On ne sait pas du tout dans
quel état elle va être cette piste.
Nous quittons donc ce grand pays que nous avons découvert au gré de nos envies, au fil de l'eau…
Superbes sites, très belles plages, villes historiques colorées, une ambiance de fête, beaucoup de
musique… des brésiliens accueillants et joyeux, un peu fous avec leurs voitures et camions par
contre. Ils roulent très vite et doublent n'importe où. Pour les faire ralentir partout sur les route il
y a des ralentisseurs très hauts même dans les montées. On a compris pourquoi.
Trois jours de route pour arriver jusqu'à Oiapoque, juste en face c'est la Guyane française. Il ne
reste plus que le fleuve du même nom à traverser. Il y a bien un pont depuis 2 ans mais pas encore
ouvert côté Brésil. Ils attendent d'avoir fini de goudronner la route et sa quinzaine de ponts qui sont
pour le moins très rustiques. Donc le lendemain nous emprunterons une barge pour le passage de
cette rivière, qui, soit dit en passant, coute une petite fortune pour le quart d'heure de traversée !
Jeudi 11 juillet nous posons le pied sur le sol français. La petite ville de Saint Georges nous accueille.
Quel bonheur d'entendre parler notre langue avec un accent du soleil. Nous redécouvrons des produits
que nous connaissons dans un petit supermarché. Bienvenue saucisson fromage, vin rosé et le pain,
enfin de la baguette ! On se régale.
Nous arrivons à Cayenne le lendemain. Evidemment je regarde partout, là où il y avait la forêt ce sont
des zones commerciales, grandes enseignes… Je ne reconnais plus rien, ça fait 40 ans que j'en suis
partie, forcément. Par contre le centre ville n'a pas trop changé, de jolies maisons créoles sont bien
conservées et l'école Saint Joseph de Cluny est toujours la même comme nous l'explique une Soeur
tout à fait adorable qui nous accueille et nous fait visiter l'enceinte de l'établissement. Ils attendent les
J M J de France, c'est l'effervescence.
Nous avons donc tout le loisir de nous promener dans Cayenne, pendant les vacances il n'y a vraiment
pas beaucoup de monde. La maison dans laquelle j'ai habité à la Madeleine n'existe plus, je ne reconnais
plus le quartier… c'est normal tout a été rasé et reconstruit.
Nous réservons nos places pour visiter le centre spatial de Kourou qui se trouve à 68 km de Cayenne.
Mardi 16 juillet visite guidée du C S G (centre spatial guyanais) qui s'avère très intéressante ; nous allons
jusqu'au pas de tir d'Ariane et de Vega, puis dans la salle Jupiter le centre opérationnel et stratégique
de ce site. Cette salle où tous les responsables d'Ariane Espace, du CNES et des satellites envoyés
sont présents. C'est ici que les dernières décisions humaines sont prises puisque tout est géré par
ordinateur. A l'arrière au centre un pupitre avec la place du Chef de mission, c'est lui qui jusqu'au dernier moment peut interrompre le lancement.
PAS DE TIR ARIANE 5
SALLE JUPITER
AU CENTRE LA PLACE DU BOSS
A Kourou notre bivouac se situe juste à côté de la tour Dreyfus au bord de la mer en face des îles du
Salut. C'est calme, nous y restons 4 jours.
AU FOND LES ILES DU SALUT VISITE PREVUE EN SEPTEMBRE
Ballade jusqu'aux ruines du bagne des annamites, en plein dans la forêt c'est très impressionnant
seuls dans ce milieu chaud, humide, plein de serpents d'araignées et d'insectes en tous genres…
de bruits inconnus aussi.
Dimanche nous sommes à Cacao, le village Hmong. En 1977 des réfugiés venant du Laos du nord
s'installent sur un petit bout de terre guyanaise. Ils sont accueillis par la commune de Roura. Un endroit
presque inhabité va devenir le village de Cacao. Après avoir défriché, déboisé quelques hectares de
forêt, ils vont cultiver fruits et légumes. C'est le même climat qu'au Laos donc ils s'habituent très bien.
Ils deviennent les premiers producteurs maraichers et fournissent toute la Guyane. Ils ont
conservé leur culture, c'est en costume traditionnel qu'ils reçoivent les touristes venus faire leur marché
et déguster de délicieux nems, beignets de crevettes et autres spécialités asiatiques.
De retour à Cayenne nous nous installons dans la superbe propriété d'Isabelle, une amie d'enfance
de la famille, une belle maison avec accès à la mer direct, et un parc plein de cocotiers, d'arbres et
de fleurs exotiques. On se croirait vraiment en vacances.
ELLES SONT LA, NOUS AUSSI
Mardi soir ballade sur la plage des salines et là, surprise ! Nous ne pensions pas en voir d'aussi belles
pourtant ce sont des "pas trop grosses". Des tortues luth. C'est la fin de la saison de la ponte mais
nous avons la chance de voir et de suivre trois de ces tortues faire leur nid et pondre leurs oeufs !
Elles font bien plus de 300 kg et peuvent aller jusqu'à 600. Une carapace de 2 m de long. La tortue
luth n'a pas d'écailles, nous verrons aussi une tortue olivâtre, celle-ci plus petite avec des écailles.
C'est fabuleux de les voir faire leur nid, pondre, balayer le sable de leurs nageoires et repartir en
soufflant jusqu'à la mer.
Nous ne les gênons pas trop elles ne nous entendent pas, par contre surtout pas de lumière, elles
retourneraient directement à la mer. Elles sont très sensibles à la lumière. C'est la pleine lune, on
les voit bien ! Elles creusent un trou d'à peu près 80 cm de profondeur, pondent une centaine
d'oeufs (20 servent à aérer le nid). La pleine saison c'est mai juin. Les petites tortues naissent
2 mois après. Les tortues marines sont protégées par des associations. Sur 1000 oeufs une seule
tortue arrive à l'âge adulte. Les petites tortues rencontrent des prédateurs, chiens, oiseaux, gros
poissons, pêcheurs…leur chemin est long jusqu'á la mer, elles sont petites, 4 cm de long leur
carapace. Nous en avons vu également, on appelle ça les émergences. Plein de petites tortues
qui sont sorties de leur coquille, pendant 3 jours elles sont remontées jusqu'á la surface puis avec
leurs petites nageoires encore très faibles elles parcourent plusieurs dizaines de mètres jusqu'á la
mer. La plupart du temps de nuit, parfois au lever du jour. Les tortues pondent la nuit et des fois
il fait encore jour.
Encore un grand moment nous avons vécu là !
ON Y ETAIT !
Jeudi 25 juillet nous repartons à kourou pour assister au décollage d'Ariane 5 ! Le tir est prévu vers
16 h 50. Nous nous rendons sur un site, la montagne carapa, d'où l'on peut bien voir de lancement.
C'est sous un soleil de plomb que nous attendons fébrilement le départ de la fusée. Quelle chance
de pouvoir assister à un tir alors que nous ne sommes ici que 15 jours, surtout après avoir visité le
C.N.G. Deux satellites vont être envoyés dans l'espace, un européen, ALPHASAT, 6600 kg, l'autre,
INSAT 3 D de l'Inde, 2100 kg.
Le moment tant attendu ! 914 personnes sur ce site, qui appartient au centre spatial, ont les yeux
rivés vers le pas de tir en face de nous à 12 km. Les boosters crachent du feu, la vapeur d'eau s'étend
sur plusieurs centaines de mètres et la fusée s'élève dans le ciel dans un grondement sourd, passe
derrière un nuage, réapparait, prend un virage et passe au-dessus de nous. C'est magique !
On peut suivre Ariane pendant 3 minutes, trois points incandescents, c'est la séparation des boosters
puis des satellites.
GEANT!!!!!!
Vingt minutes plus tard, sa vitesse est de 9 km seconde. Nous suivons sa progression sur
des écrans installés pour la circonstance.
Nous avons passé encore une journée extraordinaire !
Jour J - 3… Après 11 mois passés à parcourir l'Amérique du sud, nous retournons à la maison pendant
5 semaines, histoire de se poser un peu et de savoir ce que ça fait de ne plus être dans une maison
qui roule… Comme ils disent ici, on rentre en "métoopole"